
Loranger - Permaculture
Planification et consultation
Fondements pratiques de la permaculture




L’éthique de la permaculture forme la base sur laquelle celle-ci doit s’appuyer pour atteindre un bien-être optimal pour tous. Mais comment ceci fonctionne-t-il pratiquement? En bref, quels aspects pratiques devons-nous suivre pour vivre en abondance tout en restant bénéfiques pour notre entourage?
Imiter la nature
Le moyen principal pour arriver à une situation aussi extraordinaire est de nous adapter à notre environnement. Ceci ne se fait pas en forçant les choses, mais plutôt en travaillant avec la nature. Comme déjà mentionné, il s’agit d’apprendre les leçons que nous fournit cet enseignant extraordinaire qu’est la nature, car les écosystèmes naturels ont évolué en étant le plus efficace possible. L’efficacité mène alors à la durabilité. Ceci nous manque cruellement dans nos “sociétés occidentales”, que ce soit par rapport à l’énergie, à la production de nourriture, ou tout autre aspect de nos vies. Il n’y a cependant pas d’alternative à la durabilité pour des sociétés stables. Ainsi, en observant le fonctionnement des écosystèmes naturels et en les imitant, nous pouvons améliorer l’efficacité de nos systèmes. Par exemple, si le climax naturel d’un écosystème dans notre région est une forêt, alors une forêt nourricière (food forest) serait une excellente option pour un jardin, car chaque étape qui nous éloignerait d’une forêt signifie plus de travail et plus d’énergie pour maintenir ce que nous créons. Ce point est très important lors de la planification d’un système, car nous devons nous assurer que chaque effort supplémentaire allant “contre” l’état naturel de l’écosystème en vaille vraiment la peine. Nous voulons ainsi augmenter le ratio bénéfices:coûts, ce que la nature fait...naturellement. Si nous voulons tout de même un jardin conventionnel (plutôt loin d’une forêt!), nous pouvons toujours être efficace. Par exemple nous pouvons couvrir le sol pour imiter le sol d’une forêt. Couvrir le sol n’est cependant pas une baguette magique: nous devons observer, essayer, observer encore et ajuster pour atteindre nos objectifs.
Un autre élément essentiel de l’efficacité des écosystèmes naturels est le fait qu’ils produisent et recyclent tout ce dont ils ont besoin. Bien qu’ils ne soient pas figés dans le temps, ils sont autosuffisants, ils s’auto-régulent. Nous imitons cet aspect aussi en permaculture. Le but est de produire, autant que possible, toutes les ressources et l’énergie dont nous avons besoin. L’autosuffisance est donc un aspect central du concept de permaculture, car elle nous permet de prendre responsabilité sur nos vies et c’est seulement de cette manière que nous pouvons développer la conscience nécessaire pour suivre les principes éthiques de la permaculture.
Finalement, l’efficacité des écosystèmes naturels est reliée au fait qu’en son sein toutes les niches disponibles sont occupées, sans gaspillage d’espace. Une niche représente le rôle d’un organisme dans son habitat; elle décrit ses fonctions et ses besoins. Par exemple dans une forêt nous trouvons un écosystème organisé sur plusieurs niveaux: des bulbes, des espèces herbacées, des arbustes, des arbres, des vignes poussant sur les arbres et ainsi de suite. Chaque niveau remplit des fonctions différentes et exige des conditions de croissance différentes. En tant que designer de permaculture, l’objectif est d’identifier et d’occuper le plus de niches (opportunités) possibles. Ceci est aussi vrai pour des niches temporelles: certaines espèces sont présentes durant une saison, mais dormantes pendant le reste de l’année, permettant à d’autres espèces de cohabiter sans compétition. Tirer avantage de chaque niche disponible augmentera grandement l’efficacité et aussi le rendement total de notre système comparé au jardinage ou à l’agriculture conventionnelle.
Interactions bénéfiques
De l’imitation de la nature vient ce qui à notre avis est le concept le plus important de tous: la promotion des interactions bénéfiques et de leur diversité, autant entre individus de la même espèce que de différentes espèces. Le portrait global de la nature nous montre effectivement que la vie est supportée par la coopération plutôt que par la compétition. Les interactions bénéfiques au sein d’un système sont ce qui le rendra productif, stable et résilient. Les échanges entre les plantes et les organismes du sol ou le contrôle de parasites entre voisins en sont des exemples et c’est par la diversité que nous multiplions ces interactions. L’importance d’une grande diversité d’interactions bénéfiques est évidente. Une forte diversité d’espèces quant à elle aide parce que différentes espèces occuperont normalement différentes niches écologiques: plus de fonctions sont donc remplies et la productivité augmente. Différentes espèces n’ont habituellement pas non plus les mêmes parasites, entravant la dispersion de ces dernier. Toutefois, augmenter la diversité pour augmenter la diversité ne fait que peu de sens. Nous devons soigneusement évaluer ce qui est déjà présent, comment nous pouvons améliorer le réseau d’interactions et finalement choisir l’élément approprié.
Étant donné que nous nous concentrons sur les interactions entre les différents éléments d’un système, nous devons toujours les voir par rapport à leur niche, donc à leur fonctions au sein du système. Par exemple, une des fonctions des légumineuses est de fixer l’azote atmosphérique et le rendre ainsi disponible dans le sol: c’est l’augmentation de la fertilité des sols. D’autres plantes nécessitent une forte fertilité des sols pour être productive, tels que plusieurs légumes du jardin. Ainsi donc, planter des légumineuses autour de ces plantes augmentera la fertilité du sol et le résultat sera une interaction bénéfique pour elles. Dans un plan de permaculture, l’idée est de créer une communauté d’espèces (plantes, animaux, champignons) qui maximisera la quantité d’interactions positives. L’objectif final ici est de s’assurer que toutes les fonctions dont nous avons besoin dans notre système sont satisfaites et encouragées. Ceci signifie que nous devons d’abord identifier nos priorités et quelles fonctions nous voulons de notre système – par exemple la production de nourriture ou l’enrichissement du sol. Ensuite nous sélectionnons des éléments remplissant ces fonctions prioritaires. Puis nous sélectionnons des éléments qui performent des fonctions supportant les premières au travers d’interactions bénéfiques comme par exemple augmenter la fertilité du sol, repousser ou contrôler les pestes, attirer des pollinisateurs et ainsi de suite.
Résilience
Nous avons déjà parler de comment les systèmes ou sociétés imitant la nature et étant autosuffisants sont aussi résilients envers les changements qui se produisent autour d’eux. Mais qu’en est-il de la résilience aux changements se produisant au sein d’un système donné? En effet, les "règles fixes" ne s’appliquent pas aux systèmes vivants et c’est pourquoi ils doivent être résilients. Premièrement, une grande diversité de fonctions aidera à atteindre la résilience requise. Par exemple, une monoculture sera en général très sensible aux variations climatiques annuelles ou aux pestes. En contrepartie, dans un système où la culture principale est entourée d’éléments remplissant plusieurs différentes fonctions bénéfiques, il y aura une beaucoup plus grande résistance aux variations.
Il faut aussi s’assurer que chaque fonction importante soit soutenue par plusieurs éléments différents. Ainsi, si les conditions environnementales deviennent inappropriées pour un élément (par exemple les patates) remplissant une fonction importante (par exemple la production de nourriture), alors plusieurs autres éléments sont présents pour continuer à remplir cette fonction. Dans la même ligne de réflexion, chaque élément d’un système devrait remplir plusieurs fonctions: il est alors plus facile que chaque fonction soit remplit par différents éléments.